La disparition des miroirs

Avec sa couverture funky, ce livre m’attirait beaucoup. On est en présence de Robert Laramée, cet artiste has-been reclus dans son appartement qui doit refaire surface dans la vie publique. Après de longs moments de solitude, son gérant insiste pour qu’il sorte un nouvel album.

Dans une ambiance parfois mystérieuse, le lecteur se fait tirer dans des situations inusitées, des rebondissements qu’on ne voit pas venir du tout. Daniel Leblanc-Poirier sait jouer avec les mots et raconter des histoires, il n’y a pas de doute. Et il laisse le lecteur sur une finale surprenante et, à mon avis, un peu nébuleuse. Peut-être que, comme moi, vous serez une peu hébété!

La disparition des miroirs, Daniel Leblanc-Poirier, VLB éditeur

BAN

C’est d’abord le sujet sensible et peu abordé en littérature qui m’a attiré à lire ce premier roman de Laviolette (il s’agit d’un pseudonyme, il est donc difficile de trouver de l’information au sujet de cette autrice). Au début de la lecture, le style de narration m’a un peu déboussolé – on est dans une écriture jouale contemporaine, si je peux le décrire ainsi. On rencontre aussi un mélange de genres; il s’agit bien d’un roman, mais où la poésie s’invite par moment, l’autrice nous amène dans toute sorte de direction.

Elizabeth, le personnage central de ce récit, doit vivre avec une maladie neurodégénérative, le BAN. Cette mère de famille sait bien qu’éventuellement, son corps deviendra une prison et qu’un jour, même son cerveau lui fera faux bond. Elle doit apprivoiser l’idée de cette mort lente et surtout, elle souhaite en prendre le contrôle. Le sujet est lourd, mais abordé avec une touche d’humour. J’ai aussi trouvé le personnage vrai, autant dans ses réactions que ses contradictions.
La lecture de ce roman audacieux ne m’a pas laissé indifférente, ça, c’est certain. L’histoire m’a habitée un moment après l’avoir terminé.

Marie-moi, Peter Pan, Laviolette, XYZ

Roadtrip au pays de l’hiver

J’avais très hâte de plonger dans ce nouveau roman d’Andrée-Anne Brunet. Son premier (Ne pas toucher s’il vous plaît) m’avait beaucoup plus, et j’aime beaucoup voyager à travers les livres. C’est donc à bord d’un campingvan qu’on visite les paysages hivernaux de l’Islande en compagnie de Malorie vient de perdre son frère de façon tragique, alors qu’il s’est endormi au volant sa voiture.

Encore engourdie par la peine, la jeune femme trouve un carnet en vidant les affaires de son frère dans son appartement. Dans ce cahier, il a noté les détails d’un voyage marquant qu’il a fait en Islande. Carnet en main, elle se lance sur les traces de son frère, en reproduisant le même voyage que lui. Les paysages de l’Islande, son aride hiver, ses routes sinueuses, Malorie apprivoise ce pays tout en tentant d’apprivoiser une bête plus grande encore : le deuil. Dans ce roman, le personnage principal s’adresse directement à son frère lors de cette épopée en solo. On a droit une histoire émouvante, parfois drôle et douce, qui nous rappelle que la vie n’est pas toujours rose bonbon, mais qu’elle vaut quand même la peine d’être savourée.

Embrasser le chaos, Andréanne-Brunet (Libre Expression)

Les privilèges d’Adam et Marion

J’ai plongé dans ce roman avec de grandes attentes, je l’avoue. Fanny Britt est une autrice de renom qui maitrise la langue, qui nous glisse doucement dans la psychologie des personnages. On les suit, on veut savoir ce qu’il va leur arriver, on s’attache, on tente de comprendre leur désarroi même s’ils ont tout pour être heureux. Et cette lecture nous amène certainement à réfléchir sur nos propres vies privilégiées.

Dans cet opus, on rencontre d’abord Adam, personnalité publique qui a percé grâce à ses talents de chef cuisinier. Lors d’un voyage au bord de la mer, il a un accident de surf, où il passe près de la mort et au passage, broie le genou d’une jeune fille, prénommé Celia. Cet événement le changera sa perception de la vie, qu’il porte lourdement jusqu’à cette érablière qu’il vient d’acquérir. Pendant ce temps, Marion, sa conjointe à l’aube de ses 40 ans, vit également de grands bouleversements intérieurs.   

J’ai beaucoup aimé ce roman, mais je dois dire que je suis restée sur ma faim lorsque je l’ai terminé. J’aurais envie d’en savoir plus sur la personnalité de Celia, qui à première vue semble complexe, mais aussi sur ce que réserve l’avenir d’Adam et Marion.

Faire les sucres, Fanny Britt (Cheval d’août)